Yohen Tenmoku, seuls trois survivants et demi

L'un des dix grands mystères non résolus de l'histoire de la céramique : le Yohen Jian Zhan, dont il ne reste que trois exemplaires et demi au monde

Le Yohen Tenmoku (曜变建盏 Jian Zhan), l'une des dix plus grandes énigmes de l'histoire de la céramique, est un trésor d'une rareté inégalée : seuls trois pièces complètes et un fragment survivent aujourd'hui.

Figurant parmi les céramiques les plus célèbres de la Chine ancienne, le Tenmoku / Jian Zhan, provenant du four Jian, servait de service à thé impérial sous la dynastie Song (960-1279), convoité par la royauté, la noblesse et les lettrés. En 2011, les techniques de cuisson du Jian Zhan ont été inscrites sur la Liste du patrimoine culturel immatériel national de Chine (troisième lot).


Que signifie « Yohen » ?

  • Tan Ruilin, un célèbre spécialiste de la céramique émaillée noire, a décrit : « Yohen fait référence à la lueur irisée – mélange de jaune, de bleu, de vert et de violet – qui rayonne du film mince à la surface d'un récipient émaillé noir sous la lumière. »
  • Koyama Fujio, une autorité japonaise en matière de céramique chinoise, a écrit dans Tenmoku : « Yohen fait référence aux pièces Jian Zhan à glaçure noire épaisse, ornées de taches cristallines entourées de halos ressemblant à des couronnes solaires. »

Origines du terme « Yohen »

La première trace écrite de « 曜变 » (Yohen) apparaît dans le texte japonais Nōa Shōden-shū de la période Muromachi (1336-1573) :
« Yohen, un trésor extrêmement rare, possède un vernis ressemblant à de la fourrure de léopard et constitue le chef-d'œuvre suprême parmi les Jian Zhan. »


Pourquoi Yohen se produit-il ?

Le chercheur japonais Yamazaki Kazuo a proposé :
L'éclat bleu du Yohen ne provient pas de la glaçure elle-même, mais probablement d'une fine pellicule recouvrant sa surface. Cette pellicule crée des interférences optiques, comparables à l'irisation de l'huile sur l'eau ou aux traitements antireflets des objectifs d'appareil photo.

À ce jour, le mécanisme du Yohen demeure l'un des plus grands mystères de l'histoire de la céramique. Personne n'a réussi à reproduire un véritable Yohen Jian Zhan. À l'heure actuelle, seuls trois exemplaires complets et un fragment sont reconnus dans le monde :

  1. ‌Yohen Tenmoku‌ (国宝, Trésor national du Japon), Musée Fujii Yūkōkan, Kyoto.
  2. ‌Yohen Tenmoku‌ (国宝), Musée d'art Seikadō Bunko, Tokyo.
  3. ‌Yohen Tenmoku‌ (国宝), Musée de la céramique orientale, Osaka.
  4. ‌Demi-fragment‌ (anciennement propriété du temple Ryūkō-in, Kyoto).

Ces reliques, dispersées dans les collections japonaises, se dressent comme les témoins silencieux d’un artisanat perdu dans le temps – une énigme lumineuse figée dans l’argile et le feu.